Page:Variétés Tome VII.djvu/282

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faites à present, vous les prisez plus que n’a fait un Draco le sevère, ny un Solon le sage, mesme plus qu’un Lycurgue l’austère, ny un Charondas le prudent. Bref, maistre Guillaume, vous les prisez plus que n’ont jamais fait les poëtes anciens ; toutes fois, maistre Guillaume, je vous en sçay bon gré, car je represente à mes yeux l’obeissance de Griselidis, laquelle estoit si remplie de tant d’honorable science envers Gautier, marquis de Saluees, qui estoit son mary et espoux, et aussi la belle Gillette, qui estoit fille d’un medecin de Narbonne, qui a par sa belle science montré une infinité de beaux enseignemens et de belle doctrine. Vous avez leu, maistre Guillaume, à ce que je vois, l’hystoire du roy Chilperic, lequel ne fit difficulté d’espouser Fredegonde, ores qu’elle fust fille d’un pauvre homme de basse qua-


Pont-Neuf, où maistre Guillaume les vendoit lui-même. V. notre t. 4, p. 33–34. L’Estoile, qui aimoit à faire collection de ces sortes de niaiseries, n’a pas oublié celle-ci : « On m’a donné, dit-il, trois fadèzes nouvelles, qu’on crioit par les rues, D’un gentilhomme de Savoye defendu des voleurs par son chien ; la science des femmes, trouvée dans un des sabots de maistre guillaume ; et un nouveau miracle avenu près de Barcelonne, de deux enfans mangés d’un pourceau, et de deux autres brûlés par la mère, dans son four, sans y penser. » C’est sous la date du 13 mars 1607 qu’il a écrit cela dans son Journal, et notre pièce porte celle de 1622. Ainsi, non seulement ces sottises se vendoient, mais se vendoient bien, et l’on en faisoit de nouvelles éditions ! M. G. Brunet a consacré à ces canards du temps passé un intéressant article dans le Bulletin de l’alliance des arts. (25 décembre 1843.)