Page:Variétés Tome VII.djvu/283

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lité. Ce souverain personnage la prist, voyant sa belle science ; toute fois, M. Guillaume, je vous supplie m’excuser, vous suppliant très affectueusement de me declarer le contenu de vostre discours, vous baisant et demeurant vostre très affectionné, I. G.

— Qui es-tu, amy lecteur, qui pour ce jourd’huy m’interroge par tes supplications, que je t’aye à discourir de la science des femmes ? Il me semble à ton parler que tu te veux sentir, soit du lignage ou autrement, de ce Soldat françois2, car à t’ouyr parler me semble qu’il te faudroit bailler une hallebarde, car il t’avient bien à commander. Va, va estudier, demandeur de science, ce n’est pas à toy à qui j’en dois rendre responce. Toy qui n’as jamais fait qu’escumer la marmite, penses-tu sçavoir que c’est que la science ? Et va, va estudier, sans t’amuser à la cuisine, puis tu trouveras comme moy la grande science des femmes, que j’ay si soigneusement recueillie dans plusieurs livres, et si très soigneusement conservée et gardée dans l’un de mes sabots, et enfermée souz la clef dans mon cabinet, tant peur j’avois de la perdre. Lis, mon amy, avec une grande affection ce beau passage de saincte Susane, qui remplit de tant de belle science ; elle n’appeloit jamais son mary que son seigneur. Saint Hierosme raconte aussi de la grande science des femmes des Indiens, et de l’amitié qui portoient à leurs maris.


2. Le livre du Soldat françois, qui, en 1607, époque de la première édition de cette pièce, faisoit beaucoup de bruit.