Page:Variétés Tome VII.djvu/299

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de parler de ceste sorte, n’estoient les misères de la guerre que nous apprehendons2, et particulierement l’affection que nous portons au roy, nostre bon seigneur et maistre, la quelle, par force et de son authorité, extorque et attire toutes ces parolles du cœur, de bouche et de la plume. Nous ne craignons point tant les esclairs ny les bruits des effroyables tonnerres, qui souventes fois esbranlent nos maisons et renversent les tours et clochers de nos paroisses, que les espouvantables alarmes qui s’engendrent au son du tocsin, le plus souvent de nuict au milieu de nostre repos, ores de jour au milieu de nos sueurs, peines, labeurs et travaux. Point tant ne nous attristent les gresles, ny les gelées de may, ny les coulanges3 de juing, qui nous apportent coustumierement la cherté des vivres, que l’inhumanité des soldats et desloyauté des goujards4


2. La guerre civile, en effet, étoit imminente. Les princes, mécontents, venoient de se retirer de la cour et commençoient à armer. Pour obtenir une paix, qui ne fut que très peu durable, il fallut leur accorder tout ce qu’ils voulurent, par le traité signé le 15 mai à Sainte-Menehould.

3. Lisez coulage. Il arrive souvent qu’en juin, la vigne étant en fleur, des pluies froides surviennent et empêchent les raisins de se former. C’est ce qu’on veut dire ici.

4. Valets d’armée. V. t. 4, p. 364. Ils étoient aux campagnes ce qu’alors les laquais étoient aux villes, de vrais pillards. Peu de temps après l’époque où ceci fut écrit, on ne dit plus que goujat, forme sous laquelle le mot est resté, mais avec un autre sens. « Je me souviens bien, lit-on dans le Francion, que les soirs, auprès du feu, il contoit à ma mère qu’en sa jeunesse il s’étoit débauché pendant