ce qui se poura dresser des magasins de toutes sortes de marchandises aux meilleures villes des Provinces7, ainsi que font tous les pays qui fabriquent grand nombre d’estoffes, lesquels magasins se maintiennent en richesses, attendu qu’ils ne prestent jamais, ains ce font les marchans qui acheptent dans les dits magasins, qui font crédit aux autres marchands forains, lesquels sont subjects aux naufrages de banqueroutte, et non iceux magazins. C’est pourquoy leur fondz et proffict est infaillible. Ce qui servira pour donner advis à ceux qui voudront faire telles entreprises pour faire proffiter leur argent,
7. À Lyon et à Tours, cette industrie étoit déjà en pleine prospérité. Vers 1582, Catherine de Médicis avoit voulu aussi en doter la ville d’Orléans, sa cité la plus chère, « à laquelle, comme elle écrit de Fontainebleau aux eschevins, le 4 août 1582, elle avoit toujours eu à cœur de procurer en tout ce qu’elle a peu la décoration, accroissement et enrichissement ; depuis, ajoute-t-elle, qu’il a pleu aux roys messieurs mes enfants m’en delaisser la possession et jouissance » ; mais les guerres de religion mirent tout à néant. En 1585, la manufacture, déjà bien établie, dut cesser son travail. « Ce qui accrut le mal, selon Laffémas, ce fut la jalousie et les actes haineux et coupables d’aucuns envieux estrangers ou revendeurs de leurs dits draps de soie. » (Lettres et exemples de la feue royne mère, Archives curieuses, 1re série, t. 9, p. 123–136.) Laffémas ajoute que ces envieux « allèrent jusqu’à jeter, d’animosité, en sa chaudière de teinture, un pot de résine ou de poix, et gâtèrent toutes les soies, ainsi qu’apert par les procédures sur ce faites, de sorte qu’enfin les pauvres ouvriers furent contraints tout quitter. » Ces ouvriers avoient été attirés de Flandre, et ils avoient reçu des échevins Orléanois un excellent accueil.