Page:Variétés Tome VII.djvu/32

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voyant) ce que vous desirez, et aussi que ce sont jeunes femmes de qualité qui ne le font point pour avarice ; la seconde et dernière condition estoit qu’elle desiroit avoir de chacun une pistolle, et qu’outre cela ils satisferoient au reste des fraiz. La curiosité de jouyr de ces beaux subjects les fit consentir à tout ce que la couratière d’amour desiroit (bien qu’il leur fust assez fascheux de ne point voir ces nompareilles beautez). Ils jettèrent sur la table chacun leur pistolle, qui furent tost relevées par cette vieille, laquelle incontinent leur fait preparer trois licts en trois divers cabinets, où ils s’allèrent, après souper, rendre chacun au sien. Estant couché, la chandelle esteinte, la messagère d’amour leur amena à chacun l’une de ces bourgeoises, qui avoient estées prattiquées par la dame matrone, à quoy elles avoient consenty, ne pensant à rien moins à l’affaire qui s’ensuyvit.

Ne pensant pour lors messieurs les bourgeois à rien moins que ce fust leurs femmes, d’autant que la fortune pour elles fut qu’il arriva un eschange, et que l’un avoit la femme de son compagnon et aussi les autres, ce qui apporta de la diversité à leur ordinaire en cette sorte, la nuit se passe aux contentements des parties, sans que pour cette fois le pot aux roses fust descouvert.

Madame la matrone, suyvant la promesse qu’elle avoit fait aux bourgeoises de les aller querir devant le jour pour empescher aucune cognoissance, ne manqua dès les quatre heures du matin de les aller lever de sentinelle (ce qui fut contre la volonté des bourgeois) et les ramena en leur cartier sans autre