Page:Variétés Tome VII.djvu/73

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ment à son service, esperant qu’après avoir souffert une infinité de playes, passé et traversé dix mille dangers, le residu de ma meilleure fortune consisteroit en sa bonne affection. Mais quoy ! je fus malheureux : car, pour avoir bien et fidellement servy, le sort de ma fortune me rendit miserable et me precipita aux hazards peu honnestes qui, finallemeni, m’ont conduit au supplice.

Mais vous ne commencez encore qu’à travailler, et desjà vous vous payez par vos mains ; servans vos maistres et chefs par vos actions et menées, vous leur acquerez les plus glorieux tiltres du monde ; lesquels, au lieu qu’ils croyent avoir des gens de bien avec eux, ils n’ont que des larrons, que des volleurs et des pendars, qui ne se soucient ny du service ny de la bonne affection de leurs chefs. En recognoissance de leur merite, on leur en pendra tant !

Ainsi, me voyant frustré de mes esperances, m’ayant delaissé, je me laissé emporter au desespoir, laissant abastardir mon courage, ne trouvant plus durant la paix où l’exercer genereusement ; je feis ma retraicte, de rage et de despit, aux bois et aux forests, pour avancer ma main sur les passans et abandonner mes desirs aux pillages sur les moyens d’un chacun ; mais ce ne fut qu’après avoir perdu la saison et le temps de pouvoir exercer ma valleur.

Mais vous autres qu’on conduit aux exercices des armes, qu’on mène sur les lieux au pretendu service du roy, où vous avez l’ame poltronne et coyonne, qu’au lieu de ce faire vous espiez les pauvres paysans : on en pendra tant !