Page:Variétés Tome VII.djvu/76

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quartier, puis envoyay recognoistre les forces des dicts prevots, et moy-mesme m’y transportay, habillé en paysan ; puis, ayant veu que leurs forces n’estoient bastantes pour les miennes, je les allay charger dans la dicte forest de telle furie que je les mis en fuitte, et, ayant tué quelques uns et blessé plusieurs, j’en emmenay six ou sept prisonniers, et, les ayant faict attacher aux arbres, nous prîmes leurs casaques, et nous en allasmes la nuict ensuivant à un chasteau proche de là, appartenant à un president, et, feignant le chercher, luy commandasmes d’ouvrir les portes de par le Roy, à l’instant ouvrir coffres et cabinets, où nous fismes fort bien nos affaires.

Voyez, frères, voyez si vous aurez jamais tant d’esprit de resister aux prevosts comme nous fismes et faire de leurs despouilles si joliment vostre profit ; c’est bien au contraire : car, si vous les sentiez venir de loing, quoy que vous fussiez aussi forts, vous auriez la fiebvre au cul. Ha ! pauvres escoliers, on en pendra tant !

Moy, estant bien armé et associé de bons et valleureux soldats, j’estois la terreur de toute la campagne, l’espouvante des marchands, et guières les prevosts ne venoient me chercher, pour ce que je leur faisois mauvaise escorte et au gros des bois faisais planter des poicteaux où j’escrivois ces mots : « La mort aux prevosts, la corde aux archers7 ! » Nul n’approche ces lieux qui ne soit bien suivy.



7. Cette devise de Guillery est donnée autrement dans le Journal de l’Estoille (11 sept. 1608) : « Ils avoient pris