Page:Variétés Tome VIII.djvu/107

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le solliciter, traicter et penser comme appartient à une femme de bien, de tout ce quy estoit necessaire pour recouvrer sa santé. Incontinent qu’il commença à se bien porter, il fut conduict par Bertrande en sa maison, et receu et traicté comme son mary bien veneu. Et demeura par l’espace de quatre ans avec elle si paisiblement, et se conduisant si bien en toutes affaires, qu’on n’eust pu avoir de luy aucun soupçon de mal. En ce temps là ledict faux Martin eust deux filles de Bertrande, dont l’une mourut et l’autre pour le jourd’hui est encore vivante. Or est il que Sance, le père du vray mary cy devant, avant ce cas advenu, alla de vie à trepas, laissant à son filz, lors absent, quelque peu de bien qu’il avoit aux environs de Bayonne, d’où il estoit veneu. Ce faux Martin y voulut aller et bailla ce bien à ferme10. Mais Dieu, quy ne laisse rien impuny, se monstra bientost vengeur d’une telle mechanceté, et mesme alors que ce faux Martin pensoit avoir le mieux composé et asseuré toutes ses affaires : car en ces environs il y eut une métairie bruslée appartenante à un gentil-homme, quy en accusa le dict faux Martin, lequel, pour raison de ce, fut mené en prison à Thoulouze. Et là estant, sa partie, pour mieux faire valoir sa cause (on ne sçait par quelle fantaisie), vint à mestre en avant une chose quy sembloit bien peu appartenir à son affaire : c’est à savoir, que ledict Martin entretenoit


10. La relation donnée par Rocoles (p. 321) dit que le bien de Martin se trouvoit près d’Andaye, dans le pays des Basques, « lequel bien du Thil dissipa, l’ayant vendu à diverses personnes ».