toit une chose trop hasardeuse, le dit seigneur de Chastillon luy dist que, s’il vouloit executer la dite entreprinse, il feroit la chose la plus belle et la plus honorable pour le service de Dieu et le bien de la republique qui fut onques faite, et s’efforça de luy donner courage et hardiesse pour executer la dite entreprinse, dont de rechef il se voulut excuser. Mais à l’instant survint Theodore de Besze et un autre ministre de petite stature, assez puissant, portant barbe noire ; lesquels luy firent plusieurs remonstrances, luy demandans s’il seroit pas bien heureux de porter sa croix en ce monde, comme le Seigneur l’avoit portée pour nous ; et, après plusieurs autres discours et paroles, luy dirent qu’il seroit le plus heureux homme de ce monde s’il vouloit executer l’entreprinse dont M. l’admiral luy avoit tenu propos, parce qu’il osteroit un tyran de ce monde, pour lequel acte il gaigneroit paradis et s’en iroit avec les bien heureux, s’il mouroit pour une si juste querelle. Desquelles remonstrances iceluy confessant se laisse persuader, et dit au dit seigneur de Chastillon, qui estoit present et assistant à tous les dits propos des dits ministres, qu’il feroit donc la volonté de Dieu, et s’en iroit au camp du dit seigneur de Guyse pour s’efforcer de mettre la dite entreprise à execution, dont il fut fort loué et estimé, tant par le dit seigneur de Chastillon que les dits ministres ; et luy dirent qu’il n’estoit pas seul qui avoit fait de telles entreprises, parce qu’il y en avoit plusieurs autres qui avoyent entrepris semblables charges ; et mesme le dit seigneur de Chastillon luy dist qu’il y avoit plus de cinquante autres
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Apparence