Page:Variétés Tome VIII.djvu/12

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gentils-hommes de bon lieu qui luy avoyent promis de mettre à effect autres semblables entreprises ; et luy feit à l’instant bailler vingt ecus par son argentier pour venir au camp de Messas10, où lors estoit le dit seigneur de Guyse, afin de penser et adviser les moyens comme il pouvoit venir à bout de la dite entreprinse11.



10. Messas est une commune de l’arrondissement d’Orléans, canton de Beaugeney.

11. À tout cela l’amiral réplique avec beaucoup d’indignation. Maintes fois, pendant ces « derniers tumultes », il a su des gens qui vouloient tuer M. de Guise, et toujours « il les en a desmeus et destournez », comme peut même savoir Mme de Guise, « laquelle il en a suffisamment advertie en temps et lieu ». — Remarquons, en passant, que ce dernier fait est attesté par Brantôme. — Quand il a su pourtant que M. de Guise et le maréchal de Saint-André « avoient attitré certaines personnes » pour tuer le prince de Condé et M. d’Andelot, son propre frère, il avoue qu’il n’a cherché à détourner ceux qui disoient « qu’ils iroient tuer M. de Guyse jusques en son camp ». Il s’est contenté de ne pas les y induire et solliciter par paroles, argent ou promesses. Pour ce qui est des vingt écus donnés à Poltrot, il reconnoit qu’à son dernier retour à Orléans, délibérant de l’employer « à savoir des nouvelles du camp des ennemys », il lui fit délivrer cette somme, mais « sans luy tenir autre langage ny propos ». Tavannes confirme ce fait : « L’admiral avoüe, dit-il, luy avoir donné argent pour espion, non pour assassin ». (Mémoires, coll. Petitot, 1re série, t. 24, p. 293.) Poltrot d’ailleurs n’inspiroit pas grande confiance à l’amiral. Il lui sembloit qu’il avoit des moyens trop faciles pour entrer au camp ennemi ; il l’avoit même fait remarquer à M. de Grammont. Quant à Bèze, Coligny le défend comme lui-même. Le meurtre de Vassy