Page:Variétés Tome VIII.djvu/116

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mary qu’il avoit merité un grief chastiment d’avoir laissé sa femme si jeune et ne luy avoir escrit de si longtemps, par quoy elle n’avoit peu savoir s’il estoit vif ou mort ; à Bertrande, qu’elle ne pouvoit être sans grande faulte de s’estre laissé si aisément tromper et d’y avoir persevéré si longuement, et que pour cela elle debvoit demander pardon à son mary27. Par ce moyen ils furent reconciliez, oubliant toutes choses passées, promettant de faire toute leur vie bon mesnage. Et pour ce qu’il a esté dict cy devant que le dit Martin avoit esté au service du roy d’Espagne et par ainsy digne de mort pour avoir porté les armes contre son prince28, cela luy fut neantmoings pardonné en consideration de la paix desirée entervenue entre les princes29 par alliances et mariages quy s’en sont ensuivis pour la confirmation d’icelle. Le lendemain, quy fut le .... jour de septembre mil cinq cent soixante, en la mesme assemblée de juges et en grande affluence de peuple, la sentence fut prononcée publiquement contre le faux Martin. C’estoit qu’Arnauld Tylie, nud, en chemise, la torche au poing, au portail de l’eglise, en la ville où il avoit faict le delict, demanderoit pardon à Dieu, au roy, à justice et à ceux


27. Le vrai Martin eut beaucoup de peine à pardonner à Bertrande. Il fut touché de l’accueil de ses sœurs, mais de sa femme, qui pleuroit, rien ne l’émut ; « il garda avec elle une austère et farouche contenance. »

28. Ce détail très intéressant manque dans les autres relations.

29. La paix de Cateau-Cambrésis avoit été signée en 1559.