Page:Variétés Tome VIII.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à quy il avoit ravy l’honneur et les biens, et après au devant de la maison de Martin Guerre, ou tel lieu que le juge de Rieux adviseroit, seroit pendu et estranglé et son corps bruslé et reduict en cendres, pour effacer de la mesmoire et oster de devant les yeux des hommes l’auteur si execrable d’un si abominable faict. Et quant à la fille qui estoit née de ce lict si impudicque (combien que ce point avoit aucunement tenu les juges en perplexité), qu’elle estoit declarée legitime ; et afin que Martin ne fut chargé de la douer, les biens dudict Tylie luy furent adjugez pour la dot de son mariage. À tant le dict faulx Martin, quy avoit auparavant esté si asseuré, perdit toute contenance, et estant conduict au supplice, haultement commença à crier et confesser au peuple quy s’estoit assemblé à Artigne pour le voir comme il estoit Arnault Tylie, quy avoit ravi les biens d’autruy, abusé de la femme par adultère et mis en danger de faire mourir tous ceulx quy l’avoient accusé. Dont et de toutes les mechancetez qu’il avoit commises en sa vie il requeroit à Dieu pardon et misericorde, lequel il esperoit obtenir de luy mercy et pitié, car il entend tous les pescheurs contrits quy ont amère repentance ; et qu’il prioit Martin ne vouloir faire aucun mauvais traitement à Bertrande, pour ce qu’elle n’avoit aucun coulpe pour ce qui s’estoit passé, mais qu’elle estoit une fort honneste et prude femme, comme il l’avoit esprouvée en plusieurs choses. Il loua grandement la sagesse des juges à rechercher le fondement de la vérité, et l’integrité et equité qu’ils avoient usé en leur jugement, disant que pour la fin de ses malheurs ce lui