Page:Variétés Tome VIII.djvu/128

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qui se vinrent saisir de luy, et incontinent dépeschèrent pour en donner advis au roy, qui envoya un capitaine aux gardes avec sa compagnie pour le mener comme il faut à la citadelle de Montpellier. Ce capitaine lui exposant son commandement, il lui demanda si c’estoit le roy luy-mesme qui luy avoit commandé. Il l’assura que c’estoit luy ; et puis il demanda s’il trouveroit bon qu’il prist son espée, à quoy il respondit que ouy. Là-dessus M. Le Grand se lève dessus cette paillasse où il estoit couché habillé, et fut quelque moment dans la ruelle, où la réflexion qu’il fit de l’inconstance de la fortune et du pitoyable estat auquel il estoit lui tira les larmes des yeux ; et puis il dit au capitaine que, puisque le roy le commandoit, il obéissoit.

Il n’y a rien de changé pour le commandement de l’armée, de laquelle MM. de Schomberg et La Mallerie22 ont soin. Le premier est fort décrié dans cette intrigue, estant accusé d’avoir joué les deux. Freville23 n’est ni en fuite, ni en disgrâce. M. de La Vrillière, dans l’opinion du monde, n’est pas hors de danger d’être disgracié, et, quoy qu’il ne soit pas accusé d’avoir esté meslé bien avant dans les intérêts de M. Le Grand, il l’est de n’avoir pas fait les démonstrations nécessaires de chaleur et d’affection pour le party de Son Eminence. On accuse force


22. M. de La Meilleraie.

23. C’est Treville qu’il faut lire. On appeloit ainsi, par altération, Henri-Joseph de Peyre, comte de Troisville. C’étoit l’homme le plus dévoué au roi, et le cardinal eut mille peines à le faire tomber en disgrâce. (Tallemant, in-12, t. 2, p. 230–231.)