Page:Variétés Tome VIII.djvu/127

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escuyer20, à la ville, qui le recommande à son hostesse, et la prie d’avoir soin de ce gentilhomme, son amy, qui revient malade de l’armée, et de mettre des draps blancs dans son lit. Cependant l’escuyer, qui va au chasteau pour prendre la cassette aux papiers et advertir MM. de Thou et de Chavagnac, est arrêté prisonnier. M. de Charraut, qui n’avoit pas trouvé M. Le Grand dans son appartement, met l’alarme dans le chasteau, où il fait les perquisitions en vain jusqu’à tant que le roy partit, qui fut à six heures le vendredy au matin, que Sa Majesté alla à Besiers avec créance que mondit sieur Le Grand s’en étoit fuy de la ville. S’en allant, elle commanda aux capitouls et consuls de Narbonne de faire recherches exactes de sa personne et de la garder jusqu’à tant qu’elle envoye ses ordres. Ceux-ci menacent de la corde le premier hoste qui le recèle, et en font publier le ban. Celui de M. Le Grand, revenant des champs, s’informe de sa femme qui est dans son logis. Elle lui dit qu’il y a un gentilhomme malade au grenier21 ; il y monte et recognoit que c’estoit M. Le Grand. Aussi tost il va advenir les gens de la ville,


20. Belet, son valet de chambre, dit Tallemant, le mena chez un bourgeois dont la fille étoit bien avec lui. Levassor dit au contraire, que Cinq-Mars reçut asile d’une femme qui lui avoit vendu la fille qu’elle avoit eue d’un nommé Burgos, faiseur de poudre à canon de la ville. (Histoire de Louis XIII, t. 10, p. 648.)

21. Monglat dit aussi qu’on le trouva dans un grenier, et qu’une fois pris, on le conduisit dans la citadelle de Montpellier, ainsi que de Thou et Chavagnac. (Coll. des Mémoires, 2e série, t. 49, p. 385.)