Page:Variétés Tome VIII.djvu/138

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Contre vous crie ma satyre.
Que si on ne s’en fait que rire,

Pour moy, je n’en pleureray pas.

Apologie pour la satyre.

On peut remarquer aisément que ceste satyre a esté comme le symptome de la reformation qui commence à operer, et dont nous esperons quelque bonne crise ; pour moy, j’estime que poëte satyrique et sevère censeur ne sont qu’une mesme chose, puisque la satyre est une sorte de poësie où l’on trouve des pointes aiguës contre la volupté, le luxe et la vanité, meslée pourtant de traicts piquants et moqueurs ; si dans les termes de leur reprimende ils sont differends, l’intention les rend semblables, qui est de donner la chasse aux vices. Ne sçait-on lequel des deux a des forces ou amorces plus puissantes pour se faire obeyr. Aussi n’y a il drogue au monde capable, à mon advis, de purger les vicieuses humeurs d’un siècle corrompu et les opinions bigearres des esprits malades qu’une satyre, pourveu qu’on la prepare et assaisonne si à point qu’on ne la sente en l’avallant. Que si, par hazard, dans ceste liberté qui est permise il se rencontre quelque chose de licentieux, il faut en excuser ou la rime, ou la naïfveté qu’on y doit observer tousjours, ou le zèle d’un esprit passionné ; au plus, si nous sommes si foibles que de nous scandaliser pour