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Page:Variétés Tome VIII.djvu/139

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des simples paroles, nous devons nous souvenir de celles de la femme d’Auguste, qui disoit que la veuë de plusieurs hommes tous nuds qu’elle avoit rencontrez en son chemin ne l’avoit non plus esmeuë que s’ils eussent esté des statues de marbre. Au reste, ceux là se trompent lourdement qui, sous le nom de satyre, taschent à couvrir leurs medisances ou leurs lubricitez. Le sang de Licambe15 ne coule point dans la fontaine d’Hypocrène, et les Muses sont entièrement vierges, aussi peu capables d’invectives que de saletez, n’y ayant pas moins de crime à prophaner la poësie qu’à débaucher une vestale. La satyre s’esloigne esgallement de ces deux extremetez, et, en quelque façon que ce soit, son intention se doit conserver toute pure. C’est en ceste sorte de vers piquants qu’Horace a excellé. Juvenal est trop aigre, Perse trop sevère et sententieux. De nostre temps, à peine en avons nous un pour admirer. Tous les siècles ont produit des vices, mais non pas tousjours des esprits veritablement satyriques, et maintenant la mesdisance et la flatterie sont si familières, que personne ne s’attache qu’à l’une ou à l’autre. Pour ceste satyre, je la laisse au jugement de ceux qui s’y cognoissent. On n’ignore point l’occasion qui l’a faict naistre, et je sçay que la reformation dont elle a esté le prognostic16 aura peut estre blecé quelques es-


15. Il se tua du désespoir que lui causèrent les iambes dirigés contre lui par Archiloque, à qui, malgré sa promesse, il avoit refusé de marier sa fille Néobule. (Horace, lib. 5, ode 6.)

16. Ceci donneroit à penser que cette pièce fut écrite avant