C’est à vous que nos vœux s’adressent
Pour obtenir nostre pardon ;
Desjà les poursuites nous pressent ;
Ne nous laissez à l’abandon,
Vita, dulcedo.
En vous seule est nostre asseurance,
Delivrez nous d’un tel méchef ;
Car sous cette seule esperance
Nous venons dire de rechef :
Et spes nostra, salve.
Helas ! ne soyez courroucée
Des outrages par nous commis,
Puisque, craignant ceste menée
Que nous trassent nos ennemis,
Ad te clamamus.
Ouy, nous crions d’une voix haute :
Reine mère, priez pour nous ;
Faites pardonner nostre faute,
Ou bien nous sommes presque tous
Exules filii Evæ.
Et ceux qui sont sous garde seure
Et qui sont venus des derniers,
Madame, vous disent à cet heure
Qu’ils sont detenus prisonniers :
Ad te suspiramus, gementes et flentes.
Quand nous voyons un camarade
Qu’on emmène dans les prisons,
Nous aymerions mieux battre l’estrade
Qu’estre, nous et nos compagnons,
In hac lacrymarum valle.