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Page:Variétés Tome VIII.djvu/208

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Les autres sont dans les mortelles flambes
De maladie et de maints accidents ;
Les autres sont en disette si grande
Que maintes fois, par faute de viande,

Le froid les prend et les saisit aux dents.

Cestuy-cy crie, et l’autre se lamente ;
Qui gemit fort, qui se deult, se tourmente,
Ou qui se meurt, ou qui plainct son malheur,
Cestui-là sçait7 qu’au tombeau il va rendre,
Et l’autre y vient, qui de nouvel esclandre
Nous glace l’ame et penètre le cœur.

L’estrange bruict et les grands tintamarres
Des fers, des clefs, des portes et des barres,
Et des verroux, la rhumeur et les cris,
Et des geolliers la tempeste et la rage,
Font au captif maudire son lignage,
Tant de fureur il a le cœur epris.

Les pleurs amers, les complaintes de bouche,
Les durs sanglots, le desespoir farouche,
Infections, querelles et debats,
Suivent partout le captif miserable ;
C’est son odeur et son mets delectable,
Son aliment, ses jeux et ses ebats.

D’autre costé on oyt autre murmure
De maints captifs qui se disent injure ;
Les uns du poing blessent leurs compaignons,


7. Imp. : sert.