Page:Variétés Tome VIII.djvu/209

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Outre le bruict de cent mille algarades,
L’on void languir d’autres qui sont malades ;

L’on oyt encor des autres les chansons.

Tout le desir qui maintenant m’allume
N’est que de voir une prison de plume
Et qu’un grand vent soufflant horriblement
Pour la razer et l’abattre par terre,
Et qu’à l’instant les hommes qu’elle enserre
Fussent sans elle, elle sans fondement.

Or, quelques fois qu’on s’esjouit ensemble,
Un bruit s’entend, dont le plus hardy tremble :
C’est le bourreau, qui entre dans le parc
Ainsi qu’un loup qui emporte sa proye ;
Chacun adonc pert le rire et la joye,
Pleurant celuy qui porte au col la hart.

De la rhumeur la prison en resonne ;
Puis, s’il advient qu’autres on emprisonne,
Tous sont autour pour sçavoir qu’ils ont fait.
Une grand’ tourbe à l’environ s’amuse,
Et, ayans sçeu ce dont on les accuse,
Un chacun dict qu’ils n’ont en rien mefaict.

Que le proverbe est icy veritable !
Il ne fut onc de prisonnier coupable ;
Il est tousjours captif injustement ;
Si sa prison luy est à tort cruelle,
Il ne fut onc de prison à luy belle,
Ny d’amitié qui fut laide à l’amant.

N’est-ce donc pas la mort de la mort mesme
D’estre plongé en douleur si extresme