Page:Variétés Tome VIII.djvu/262

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Mais la plus grande difficulté fut de s’ajuster sur le lieu et la manière de s’assembler, car les nouvellistes des Thuilleries pretendoient que tous les autres devoient s’y rendre et leur ceder la preseance, à cause que c’etoit la maison du roi3. Le president du Luxembourg soutint qu’elle lui appartenoit d’ancienneté, et à cause du bon air qui fait ordinairement la substance des partisans de nou-


sur les choses de l’intérieur et de l’extérieur. On tenoit registre de ces nouvelles, quels que fussent le lieu d’où elles vinssent à la personne qui les eût apportées. On en discutoit la valeur ; et si elles le méritoient, on leur donnoit place dans le Journal, dont les copies manuscrites étoient répandues à profusion dans Paris, et qui n’est autre que ces fameuses Nouvelles à la main dont on a tant parlé. V., dans l’Encyclopédie du XIXe siècle, t. 17, p. 307–310, notre article sur ces embryons du journal.

3. Dans un curieux petit livre, l’Ambigu d’Auteuil, 1709, in-8º, p. 27, il est parlé de ces nouvellistes des Tuileries et de l’endroit où ils se tenoient. D’ordinaire, ils prenoient place sur les bancs, « à l’ombre, autour du rondeau », et sur un autre « fort long, qui est au bout du boulingrin ». C’etoit, dit plaisamment l’auteur, ce qu’on appeloit « l’arrière-ban des nouvellistes ». Parmi ceux-ci, les plus assidus étoient, à l’époque dont nous parlons, un voyageur fameux que je n’ai pas pu reconnoître, et un vieux comédien, qui doit être La Thorillière. « Il jouit, dit l’auteur, de mille écus de pension que luy fait sa troupe, et de trente mille escus qu’il a espargnez du temps que Corneille et Molière travaillèrent pour le théâtre. L’occupation de ces oisifs, ajoute-t-il, est de s’entretenir de ce qu’ils ont vu et de ce qui les regarde en particulier lorsque les nouvelles ne fournissent pas ; et bien souvent, dans l’empressement que quelques uns ont de donner bonne opinion de leur fait, quatre ou cinq parlent à la fois ».