encore une fois, arrière tous ceux quy se veulent avancer de conseiller celle quy ne doit recevoir de conseil que d’elle. Bref, vous, fuseaux de la Destinée, je vous rends grâces de ce qu’il vous a pleu ramener mon bien aymé M. Guillaume sain, sauf, et tot, en ce monde, autant comme il estoit allé en l’autre ; de ce qu’il vous a pleu luy donner passage parmy tant de sentiers incogneuz, en un pays où les plus gens de bien sont en grand hazard et courent grand risque de leur equipage et laissent le moulle du pourpoint. Comptes sont fort dificiles à rendre ; y pense quy voudra ; si vous l’avez faict pour l’amour de moy, je vous en ay de l’obligation. Or donc, si j’ay dy vray, je m’en dedy et suis contente de m’en desdire maintenant, et pour satisfaction sacrifier aux Deïtez infernales tous les ans, à la my-aoust en avril, trente et dix-sept bales de nazardes, à la charge que messieurs les laquais de l’autre monde en auront leur bonne part, et cinquante et treize royaumes en painture pour suppléer à l’ambition de ceux quy envient la grandeur et le repos de monsieur mon bon amy ; cent vingt et onze chasteaux en Espagne pour la gloutonnie avarice du cronologie transmarin, à la charge qu’il laissera Genebrard3 en repos, ne pillera plus les escriptz de ceux quy en ont parlé en vrays clercs.
3. Gabriel Genebrard, docteur de Sorbonne, archevêque d’Aix, mort en 1597. On fait allusion ici à quelque livre, fait en Angleterre ou autre pays transmarin, contre sa Chronologie sacrée. Genebrard avoit été un furieux ligueur ; le siége d’Aix, qu’il occupa quelque temps, lui avoit été donné par Mayenne. Mathurine, en ennemie jurée de la Li-