Page:Variétés Tome VIII.djvu/282

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fermier, et sa femme trouvoit par son calcul que par ce moyen il pouvoit s’avancer pour estre quelque jour un gentil homme de son vilage. En ce temps de rumeurs et de confusion que tout le monde s’a-


et il devoit venir, comme Guéridon lui-même, du pays de ces Auvergnats ou de ces Marchois qui nous chantent encore avec tant de plaisir les chansons où se trouve le tourelourela natal. Pendant quelque temps le mot guéridon fut pris dans le sens de vaudeville et le remplaça. Ainsi nous trouvons, sous la date de 1616, et toujours dans le Recueil Maurepas, t. 1, p. 323, Le grand Guéridon italien et espagnol, venu nouvellement en France, aux hypocrites du temps présent. Tallemant, dans l’historiette de Bois-Robert (édit. in-12, t. 3, p. 140), a parlé d’un homme qui avoit mis toute la Bible « en vaudeville qu’on appelle guéridons ». Pour que rien ne manquât à son individualité gaillarde, des chansons on l’avoit fait passer dans les danses. Guéridon étoit aussi alors un personnage de ballet : il figura dans celui des Argonautes, dansé au Louvre le 3 janvier 1614. Cinquante ans après, il joue encore son personnage dans l’arlequinade le Régal des Dames, comme on le voit par ce passage de la Gazette de Du Lorens (5 mai 1668) :

Par de nouvelles gentillesses
Et divertissantes souplesses,
On voit deux Guéridons danser…

Dans les branles qui se dansoient à la fin des bals du monde, il tenoit aussi un rôle, et c’étoit, il faut en convenir, le plus piteux de tous. Ainsi, dans le Branle de la Torche, déjà si fameux au temps d’Olivier de La Mancha et à l’époque de Henry Estienne, on donnoit, du moins sous Louis XIII, le nom de Guéridon au personnage qui, pendant que les autres tournoient en rond et s’embrassoient autour de lui, étoit condamné à avoir en main un flambeau, ou, si vous aimez mieux, à tenir la chandelle, pour me servir d’une locution