Page:Variétés Tome VIII.djvu/64

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M. de Villette, mort chef d’escadre, petit gentilhomme de Poitou, la prit à son tour chez lui, la regardant comme sa parente21. Lui ayant trouvé de l’esprit, il en eut soin durant quelque temps, et, ayant eu occasion d’en parler à madame de Noïailles22,


diction du même genre qu’un maçon nommé Barbé lui fit un jour dans la chambre de Scarron, où il venoit souvent, le vieux malade s’amusant beaucoup de ses divagations de prophète. Quoique l’esprit de Françoise d’Aubigné fût assez solide pour ne pas céder à l’illusion de pareilles chimères, elle ne laissa pas que d’en être frappée. Elle y songea dans ses jours de peine. « Me voilà très loin de la grandeur predite », écrit-elle, par exemple, au commencement d’une lettre à Mme de Chantelou, le 28 avril 1666.

21. Sa femme, Mme de Villette, n’étoit pas moins que la sœur de Constant d’Aubigné, et par conséquent tante de Françoise. C’est elle qui l’avoit gardée pendant le voyage de 1646, ainsi que je l’ai dit dans une note précédente. Il est donc étonnant qu’elle eût mis cette fois si longtemps à la reprendre. Les autres historiens, notamment M. de Monmerqué dans la Biographie universelle, disent qu’aussitôt après son retour d’Amérique, elle la recueillit dans son château de Murçay ; cet empressement me semble plus probable que l’espèce d’indifférence dont ce qu’on lit ici tendroit à la faire accuser. Mme de Villette étoit une fervente calviniste ; elle abusa de l’hospitalité qu’elle donnoit à sa nièce pour lui faire embrasser sa croyance.

22. Lisez de Neuillant. Il est singulier que le P. Laguille se soit aussi étrangement trompé. Il aura confondu le nom de la mère avec celui d’une des filles, qui fut la maréchale de Navailles ; encore étoit-ce pour mal écrire aussi le nom qu’il prenoit pour l’autre. Françoise Tiraqueau, comtesse de Neuillant, femme du gouverneur de Niort, avoit tenu sur les fonts de baptême Françoise d’Aubigné, avec Fran-