Page:Variétés Tome VIII.djvu/63

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donné lui-même leur petite pitance, étant regent de troisième18.

Personne, durant quelques mois, ne reclama ces enfans ; cependant, à la fin, quelques gens de connoissance les firent conduire à Angoulême, chez M. de Montabert. Après quelque temps, ils passèrent chez M. de Mioslan19 ; la fille fut demandée ensuite par M. d’Alens, gentilhomme huguenot. C’est chez lui que lui arriva une petite aventure que l’on a apprise de Mme de Gabaret, qui la sut immediatement d’une vieille demoiselle qui étoit presente à l’aventure. M. d’Alens demeuroit à la campagne et recevoit souvent compagnie des gentils hommes ses voisins. Entre ceux-ci il en venoit un de temps en temps qui se mêloit de dire la bonne fortune. Y étant un jour, il dit à quelques demoiselles ce qu’il jugea à propos. La petite Francine, curieuse comme les autres, se presenta pour apprendre son aventure. Le gentilhomme, voyant sa main, fit l’etonné ; il la considère encore une fois, et plus il la considère, plus il admire ce qu’il pretend voir. On le presse de parler. Voilà, dit-il, des signes d’une grande fortune, je n’ose dire qu’elle approchera de la couronne. On en rit, et ce fut tout20.



18. Tous ces faits, très curieux, étoient restés inconnus, ainsi que ceux qui sont relatés dans le paragraphe suivant.

19. C’est de Miossens qu’il faut lire sans doute. Le comte de Miossens, tué en duel en 1672 par Saint-Léger-Corbon, étoit frère du maréchal d’Albret. Cette famille, on le voit, commença de bonne heure à protéger Françoise d’Aubigné.

20. On lit dans le Segraisiana, p. 12, le détail d’une pré-