Page:Variétés Tome VIII.djvu/67

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mission de sortir de temps en temps, elle ne put si bien cacher les visites qu’elle rendoit au sieur Scarron qu’on n’en eût connoissance dans le monastère, et du mariage qui se pratiquoit. Sur tout cela, les religieuses resolurent de la mettre hors de leur maison, ne leur convenant point de garder une fille dans ces circonstances27. On l’auroit en effet chassée, si un père jesuite, fort connu dans la maison, auquel on donna connoissance de ce qui se passoit de la part de la demoiselle, n’eût empêché l’affront qu’on etoit sur le point de lui faire, assurant que la demoiselle etoit sage et qu’il n’y avoit rien à craindre.

Le mariage fut conclu et déclaré environ l’an 1649 ou 165028. Madame Scarron vivant parfaitement bien et en parfaite union avec son mari, tout infirme qu’il étoit, elle avoit pour lui de si grands soins et tant de complaisances que ledit sieur Scarron, pénétré de la bonne et aimable conduite de son epouse, ecrivit à un de ses amis une lettre fort touchante sur le compte de sa femme, dans laquelle il lui marque son inquietude et l’apprehension qu’il a de la laisser sans bien et sans ressource. La lettre est du mois de mars 165229. M. Scarron vecut encore


27. Si l’on défendoit aux religieuses de faire des visites, on leur permettoit au moins d’en recevoir, et de fréquentes. V. notre édit. du Roman bourgeois, p. 209.

28. Cette dernière date est donnée comme certaine par le Segraisiana, p. 150.

29. Nous n’avons pu retrouver cette lettre de Scarron, qui, sans doute, n’a jamais été publiée. Nous en connoissons une, toutefois, où le pauvre cul-de-jatte écrit à