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Page:Variétés Tome X.djvu/142

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Deplient tout cela, dont furent enseigneurs
Les Grecs et les Latins, qui de faulses merveilles
Emplissent, ignorans, les plus grandes oreilles,
Et abusent celuy qui par nom de sçavant

Desire, ambitieux, se pousser en avant.

Ces gentils reciteurs te loüront à la table,
Non comme au temps passé, aux horloges de sable6 ;
Ilz ne dédaigneront avec toi practiquer
Et avecques tes vers les leurs communiquer,
Puisque tu as le goust et l’air de l’Italie,
Mais rendz leur la pareille, et fay que tu n’oublie
De les contre-loüer ; aussi quant à ce point
Le tesmoing mutuel ne se reproche point,
D’en user autrement ce seroit conscience.

Surtout je te conseille apprendre la science
De te faire cognoistre aux dames de la court


6. Allusion à un usage du Pnyx d’Athènes, où, à l’époque de Périclès, quiconque avoit la parole ne devoit la garder que pendant un certain espace de temps, mesuré sur l’horloge de sable, ou sur le clepsydre. On voulut à l’Assemblée constituante, dès les premières séances, prendre une mesure semblable contre la loquacité des orateurs. M. Bouche fit une motion, dite du sablier, tendant à faire restreindre, pour chaque orateur, le droit de parole à cinq minutes seulement. Un sablier de cinq minutes auroit été placé devant le président, et personne n’auroit dû laisser à son flux de paroles un cours plus long que celui du sable tombant d’un bassin dans l’autre. Quelques phrases spirituelles de M. de Clermont-Tonnerre firent rejeter cette proposition, que l’Assemblée avoit d’abord très-favorablement accueillie.