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Page:Variétés Tome X.djvu/143

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Qui ont bruit de sçavoir. C’est le chemin plus court,
Car si tu es un coup aux dames agréable,
Tu seras tout soubdain aux plus grands admirable.
Par art il te convient à ce point parvenir,
Par art semblablement t’y fault entretenir ;
Il te fault quelques fois, soit en vers, soit en prose,
Escrire finement quelque petite chose
Qui sente son Virgile et Ciceron aussi7 ;
Car si tu as des mots tant seulement soucy,
Tu seras bien grossier et lourdault, ce me semble,
Si par art tu ne peux en accoupler ensemble
Quelque peu : car icy par un petit chef-d’œuvre

Assez d’un courtisan le sçavoir se descœuvre.

Je ne veulx toutefois qu’on le face imprimer,
Car ce qui est commun se fait desestimer,
Et la perfection de l’art est de ne faire
Ains monstrer dédaigner ce que faict le vulgaire.
Mesmes, ce qui sera des autres imprimé,
Afin que tu en sois plus sçavant estimé,
Il te le fault blasmer8 ; mais il te fault eslire
Des loüeurs à propoz pour tes ouvraiges lire.
Et n’en fault pas beaucoup. Avec telles faveurs
Recite hardiment aux dames et seigneurs,
Tu seras sçavant homme, et les grands personnages


7. Ceci va droit encore à Charles Fontaine et à son Quintil horatian, où il se montre si pédantesquement infatué du latin d’Horace, de Virgile et de Cicéron.

8. C’est ce que Fontaine avoit fait contre la Défense et illustration de la langue françoise, et ce que du Bellay ne lui avoit pas pardonné.