Page:Variétés Tome X.djvu/180

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Noé n’eust si tost cultivé, ou plustot pressuré le raisin, que ses enfans, se riant de son insolence inacoutumée, il ne payast luy mesme le tribut de son ouvrage.

Comme le vipère donne l’estre à celuy qui luy


faite par le roi d’aller boire jour et nuit dans les tavernes. » On n’y alla pas moins. L’an d’après, au mois de mars, nouvel édit, daté de Blois, qui n’eut pas de résultat plus décisif (Isambert, Anciennes Lois françaises, t. XIV, p. 320). À Rouen, cependant, où, la même année peut-être, une mesure semblable avoit été prise par arrêt du parlement, les cabarets coururent de vrais risques. On avoit imaginé, pour empêcher les buveurs de s’y rendre, une taverne ambulante qui alloit leur porter, à doses modérées et à courtes stations, les rafraîchissements dont ils ne pouvoient se passer dans leurs ateliers. Ce fut pendant quelque temps un vrai préjudice pour les vraies tavernes, où l’on ne prenoit plus la peine d’aller chercher ce que, tout en obéissant à la loi, on avoit chez soi sans se déranger. Une pièce très-rare, pet. in-8º, vendue 65 francs en 1844, à la vente de Nodier, qui en avoit fait la matière d’une très-curieuse notice (Bullet. du Bibliophile, juillet 1835), fut, à ce propos, publiée à Rouen, au portail des libraires, par Jehan du Gort et Jaspar de Remortier. Voici le quatrain qui lui sert de titre :

Le discours démonstrant sans feincte
Comme maints pions font leur plainte,
Et les tavernes desbauchez,
Par quoy taverniers sont faschez.

Les cabarets eurent pourtant leurs consolations à Rouen comme partout. Ils se rouvrirent peu à peu, et la taverne ambulante, qu’on appeloit triballe ou trimballe, disparut. À Paris, ils n’avoient jamais eu de chômage complet,