Page:Variétés Tome X.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que font les yvrongnes, il luy en cousteroit la vie, et ils en vivent davantage, pour fortifier ce proverbe : Plus de vieux ivrongnes que de vieux medecins. Je le croy, parce qu’il y a plus d’yvrongnes que de medecins.

Prions seulement que ceste ordonnance ne porte son appel en croupe, que les commissaires l’effectuent, et pour nostre profit et pour nostre consolation, et ainsi nous aurons la paix chez nous ; car si elle est observée, nous aurons plus de biens et moins de coups. Nous sommes le plus souvent marquées à l’H, pour monstrer que nostre peau est tendre : on ne le jugeroit pas à nostre mine reformée comme la tirelire d’un enfant rouge.

L’utililé est si grande, nostre repos si longtemps reconneu, que toutes les femmes doivent à jamais respecter les magistrats. Ce qui se consommoit ès tavernes en un jour sera suffisant pour entretenir la maison un mois. Le mary seul se ressentoit de ceste despence excessive, ou si nous en ressentions quelque chose, c’estoit plustot le fleau que le fruict, à nostre dommage qu’à notre utilité. À ceste heure, la femme, les enfans se ressentiront de l’espargne qui se fera, et auront leur part au profit aussi bien qu’à la peine ; les cabaretiers, enrichis de nostre labeur, sucçoient le meilleur de nostre aliment, et souvent pour un qui venoit saol des tavernes, il y en avoit cinq ou six à la maison qui crioyent à la faim. Tout le monde mettoit la main à l’œuvre pour subvenir à la nourriture du mesnage, et le mary seul consumoit l’argent que la femme, les enfans et les serviteurs prenoient peine de gagner.