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Page:Variétés Tome X.djvu/188

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C’est une œuvre de misericorde aux magistrats d’avoir prevu et prevenu la necessité de tant de pauvres femmes et enfans, que la honte empeschoit de demander leur vie, et qui pourtant travailloient assez pour la gaigner.

Chantons te rogamus, desjà le Ciel audit nos, et le peuple est secouru de la prudence des magistrats.

Si quelqu’un pouvoit venir jusques à l’esgalité des biens, ce seroit un grand coup pour nous, parce que nous avons autant d’ambition que les plus huppées, tout le monde seroit vestu esgalement comme à Spartes, l’homme iroit à la femme, et les vivres seroient communs ; par ainsi personne n’en abuseroit à nostre dam.

Laissons là ceste superstition, c’est assez si nous n’avons plus les espaules frottées d’huille de cottret7, et que nous ne jeunions plus souvent que le caresme, pourveu qu’on nous laisse esbaudir à nostre tour ; ils seront bien camus si nous ne leur tirons les vers du nez, et pourroient avoir les testes si legères qu’il nous seroit besoin de les appuyer avec des fourches ; le temps viendra que les femmes seront amazones ; puis que le vin est deffendu, elles combattront avec la lance et l’eau.

Trefve à nos testes comme au vin : quand nous fusmes mariées, ce ne fut pas pour nous frapper par la teste ; si vous abusez des nopces pour les mettre


7. On voit que cette huile fameuse, tant redoutée des épaules, n’est pas baptisée d’hier. Oudin en parle dans ses Curiosités françoises au mot Huile, et elle a son article dans le Dictionn. du Bas Langage, t. II, p. 52.