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Page:Variétés Tome X.djvu/198

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Et jouït là du bien de ses divers labeurs,
Dignement respecté des princes et seigneurs10.
Or, je produiray donc devant la saincte image,
Ô vierge (mon secours), son grave tesmoignage
De la santé reçüe et de la vie encor,
À la debilité de mon fragile corps,
Combien que tout l’honneur de ce bien appartienne
Du tout à Jesus-Christ, mais (vierge très-chrestienne)
Il t’a donné cet heur avecques luy là haut,
Pour luy avoir compleu au monde comme il fauct,
C’est de sa grâce aussi qu’après ta chère vie
Quoique morte tu peux guerir la maladie,
Comme par charité tu feis en ton vivant.
C’est ainsy que le veut ton espoux tout pouvant.
Il luy plaist d’eslargir par toy ses dons et grâces,
Et de se voir loué par toy en tant de places,
Prenant plaisir de luire au temple transparent
De ton corps qu’il esleut, comme un jour esclairant
Au travers de la vitre, et comme une fontaine
Pousse par des canaux sa source pure et saine.
Ce point me reste seul, que j’obstienne de toy
Par ta saincte prière (ô vierge) que sur moy
Ce blasme ne soit mis, de quoy par si long terme
J’ay differé ce vœu, payé de foy très-ferme.
Endure, je te prie, qu’il te soit adjousté
Ce beau cantique deu à ton los merité
Et à tant de blasons, d’honneurs et de louanges



10. Lors qu’Érasme parloit ainsi de son mérite et de sa vaillante vieillesse, Guillaume Cop n’avoit plus que peu de mois à vivre ; il mourut, cette même année 1532, le 2 décembre.