Page:Variétés Tome X.djvu/197

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Je diray grand merveille, et si n’y aura blasme,
Je retourne à l’estude et dispos et gaillard
Sans aucun sentiment de langueur de ma part
Ni de lente frisson de sa fièvre scieuse.
Sept jours passoient déjà que la fièvre odieuse
Se devoit remonstrer, mais tout le corps devient
Plus frais qu’auparavant. Le medecin revient
Admirant le miracle, il me visage en face,
Il visite ma langue et faict produire en face
De l’urine qu’il void, puis me taste le poux,
Et me trouvant tout sain, il dict : « Qui t’a recous8
De la fièvre si tost, Erasme, et quelle grace,
Et quel Dieu t’a rendu le bon air de ta face ?
Quiconque est le bon sainct qui t’a si bien guery,
Il en sçait plus que moy, bien que je sois nourry
En l’art de medecine, et n’en a plus affaire. »
Le nom du medecin je ne veux jamais taire :
C’est Guillaume Le Coq9, lequel estoit alors
En la fleur de ses ans, jeune encore de corps,
Mais plus agé que moy ez vieilles bonnes lettres,
Philosophe parfaict entre les plus grands maistres,
Aujourd’huy tout chenu et chargé de vieux ans,
Il est presque adoré de tous les courtizans.
Près du grand roy Françoys entre les plus illustres,
Comme un astre esclatant de mille et mille lustres,



8. Secouru, sauvé. V. Anc. théâtre, t. VIII, p. 191.

9. Guihelmus Copus, dit le texte ; É. Lelièvre traduit donc mal en écrivant Lecoq. Le médecin dont parle Érasme est Guillaume Cop, qui vint de Bâle, sa ville natale, à Paris, du temps de Louis XII. Il fut médecin de ce roi, puis de François Ier, et traduisit une partie des œuvres de Galien et d’Hippocrate.