Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/106

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se gratter, et de boire de la poudre de brique pilée, les consommateurs l’un après l’autre déguerpissaient, rageurs… Fuyant à notre tour le spectacle catastrophique, j’entraînai ma compagne.

Taxi… Rue Favart, au Poccardi…


Limpide et nette sur des nappes immaculées, la lumière dorée des lampes à elle seule nous réconforte déjà. Chianti en fiasque et capri blanc, finocchi, soles milanaises, lasagnes au parmesan, gorgonzola, cassata silicienne : avec ce menu l’optimisme renaît. Tout s’arrangera : les incidents provoqués par les cosmozoaires n’auront pas de suite ; Nathan ou un autre découvrira vite un moyen d’empêcher le développement du lichen hors des laboratoires, où il ne sera qu’un sujet d’étude scientifique… Et, buvant le café, dans la fumée des cigarettes, nous finissons par nous égayer de l’illusion où étaient tous ces braves gens, au Terminus, de subir une invasion de puces. Un rien grise, Aurore se résigne presque à passer pour avoir été sur la Lune ; n’ira-t-elle pas, en effet, d’ici quelques mois, un an au plus ? L’arrivée même de son père et de son fiancé, après-demain, n’est pas de si mauvais augure que je m’étais figuré ; elle n’interrompra pas nos bonnes relations ; Aurore me fera faire leur connaissance ; et lorsqu’ils retourneront tous trois en Amérique, pourquoi ne les accompagnerais-je pas ? J’aurais un succès fou, là-bas,