Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/107

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en tant que peintre français, et je gagnerais beaucoup de dollars, ce qui n’est pas tellement à dédaigner…

Le ciel lui-même se mit de la partie, en se dégageant vers une heure : la lumière naturelle était suffisante dans mon atelier, et je n’eus pas besoin d’allumer pour la séance de pose. En trois heures de bon travail, j’esquissai à fond le portrait d’Aurore. Puis nous nous rendîmes chez mon oncle Frémiet, pour les photos documentaires.

Cela n’alla pas tout seul. Ma visite du matin avait déjà produit son effet, je m’en rendis compte avec un serrement de cœur et un mouvement de dépit : j’étais un porteur de germes ! Le brave homme ne s’en doutait certes pas lorsqu’il prit soin d’essuyer avec un linge humide les espèces de phares destinés à éclairer violemment le sujet, suivant la coutume des photographes modernes, Il tourna les commutateurs en surveillant les appareils avec une appréhension visible. Et au bout d’une minute :

— Nom d’un pétard ! ronchonna-t-il en tirant sur sa barbe de fleuve, voilà que ça recommence, cette histoire-là ! C’est fou ! Depuis ce midi, pas moyen de garder nette une lampe cinq minutes, dès qu’elle est allumée, Il se forme dessus des champignons, comme tu vois… Jamais je n’ai entendu parler de ça ! Et de la poussière ! une poussière diabolique qui gâche les plaques ; j’ose à peine ouvrir un châssis.

Aurore me lança un regard interrogateur, Devait-elle