Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’est tout écorché à force de se gratter la nuit. Avant qu’il aille prendre son service au Métro, j’ai dû lui mettre de la poudre de tale comme aux petits enfants… Et sitôt qu’on allume, c’est une dégoûtation partout. Il pousse du mou de veau sur la lampe et les fils. Qu’est-ce que nous allons devenir ?

— Faites comme moi, madame Taquet ; n’allumez plus l’électricité, éclairez-vous au pétrole ou à la bougie ; vous verrez que votre mari n’aura plus de démangeaisons et qu’il ne poussera plus de mou de veau sur vos lampes.

Et je sortis, laissant la bonne femme incrédule et mystifiée. Je l’entendis murmurer derrière mon dos :

— Toujours blagueur, ce M. Delvart ! La bougie, je veux bien, mais ça n’empêchera pas le poil à gratter de gratter !

Contrairement à la veille, c’était une belle journée d’octobre, un azur délicat, un soleil éclatant, qui me donnait l’horreur de m’enfoncer dans le sous-sol du métro. Je choisis d’aller à pied par la rue Caulaincourt jusqu’au boulevard de Clichy. Nulle part, je ne voyais sur les visages des passants trace d’une préoccupation bien grande, d’une réelle inquiétude.

Je venais d’arrêter un taxi au coin du boulevard de Clichy, lorsque je m’aperçus qu’un gros paquet roussâtre enveloppait comme d’une loque ignoble la boîte d’accumulateurs, sur le marchepied. Devant mon regard intrigué, le chauffeur ricana :