Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lichen arraché par la « charrue » au caniveau de prise de courant.

Non loin, une détonation soudaine, comme d’un pneu éclaté… des cris confus… C’est vers la rue de la Pépinière… Au ras du pavé, sous un tram arrêté fuse une flamme blanche… Court-circuit… Mais en un instant le spectacle nous est bouché par la ruée compacte des curieux qui se précipitent. Nous ne voyons plus, devant nous, que la file des voitures de tramway immobilisées par l’accident. Puis une fumée, là-bas, s’élève : la voiture court-circuitée qui brûle.

Beaucoup de consommateurs ont déserté la terrasse, pour aller se rendre compte. Mais nous ne bougeons pas. Aurore, toute pâle, me regarde profondément comme si elle mettait en moi son dernier espoir : elle souffre. Je m’efforce de la distraire, affectueusement, de bavarder de n’importe quoi, jusqu’au moment où, l’un après l’autre, les badauds reviennent s’asseoir aux tables voisines, et nous apprenons avec soulagement qu’il n’y a pas de blessés, que les voyageurs ont pu s’échapper à temps de la voiture incendiée,

« Demandez Paris-Midi !… ».

Achetée avidement aux vendeurs, comme si les gens se fussent attendus à y trouver la relation de l’accident qui venait de se produire sous leurs yeux, la feuille ne contenait pas l’article du professeur Nathan annoncé par le reporter de l’Agence América. La seule nouvelle que nous y lûmes, autre que dans les journaux du matin,