Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/25

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marqué : « Météorites » et ma valise en peau de porc. Oh ! quelle chance ! vous n’êtes pas des journalistes… Je vous en prie, empêchez les journalistes de m’interviewer…

Sa voix se perdit dans un murmure indistinct. Elle ferma les paupières et avec un petit soupir laissa retomber sa tête sur le tapis des aiguilles de pin ; nous vîmes ses traits se décomposer, et elle perdit de nouveau connaissance.

Alburtin lui prit le pouls ; et, voyant mon émoi :

— Ne vous troublez pas, Delvart. C’était à prévoir : la réaction ; elle fait de l’épuisement nerveux : c’est tout naturel, après sa séance de pilotage interplanétaire… Mais cette fois ne la laissons pas ici. Un poids plume : je vais pouvoir la transporter moi seul à la voiture. Vous, occupez-vous de prendre cette boîte verte et la valise qu’elle réclame. L’appareil ? Trop lourd et trop encombrant pour ma bagnole ; il ne risque pas grand chose à rester où il est jusqu’à demain matin ; on ne le voit pas de la route, et il va faire nuit.

Alburtin a transporté gaillardement, sur le champ de bataille, bien des blessés, plus lourds qu’une frêle jeune fille. Retrouvant sa vigueur et son adresse de jadis, il prit sur ses deux bras le corps inerte et se mit en marche vers la route, d’un pas lent mais sûr, sans trébucher malgré le sol caillouteux et encombré de broussailles.

Après un instant de révolte, je le laissai accaparer ce précieux fardeau et me résignai à servir autrement la