Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

naufragée des espaces. Retournant à l’obus, je plongeai de nouveau dans son atmosphère méphitique, et cherchai la « boîte verte ». Je la découvris logée vers le haut du dôme et maintenue par des taquets à ressort. Je la décrochai. Une inscription à l’encre ne laissait aucun doute sur son identité : « Météorites recueillis dans le vide interplanétaire, entre 1.000 et 4.000 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, ce 15 octobre, de 14 heures à 14 heures 35 ».

Quant à la valise en peau de porc, elle était à mes pieds, parmi d’autres objets décrochés par la secousse de l’atterrissage et partis en dérive. Je la ramassai sans me donner la peine d’examiner le reste. Il me tardait de me retrouver auprès de la fille tombée des cieux. Je pris à peine le temps de rabattre sur le trou d’homme la rondelle de métal et de revisser les poignées. La boîte verte d’une main et la valise de l’autre, je m’enfonçai dans la brousse, à la poursuite d’Alburtin.

L’installation dans la voiture ne fut pas aisée. Le docteur regretta fort d’avoir pris, au lieu de sa « conduite intérieure » professionnelle, sa petite torpédo de promenade. Elle comportait quatre places, mais disposées par baquets individuels, où il était impossible d’allonger même à demi la jeune fille sans connaissance. Après quelques essais infructueux, je dus me résoudre à la tenir comme un enfant, mi-étendue, assise sur mes genoux, le torse contre ma poitrine et la tête dans le creux de mon bras droit calé contre le dossier.