Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quelques historiens ont qualifié cette petite bagarre d’émeute communiste. C’est là, je crois, une erreur. L’échec de l’émeute ébauchée le 26 au soir parmi l’hostilité générale de la population, avait découragé les chefs communistes, qui comptaient sur une levée en masse des sympathisants pour seconder leurs troupes. La manifestation du Central télégraphique, aussi bien que les deux ou trois autres du même genre, n’eut pas de caractère politique ; c’étaient des mouvements spontanés, improvisés, où tous, sans distinction de partis, ne réclamaient qu’une chose : l’observation intégrale du décret. En ces jours de la Terreur électrique, loin de vouloir renverser le gouvernement, les plus farouches opposants eux-mêmes attendaient de lui le salut et se félicitaient de ce que le gouverneur de Paris et le préfet de police fussent « des hommes à poigne ».

Sous l’empire de l’horreur morbide du lichen ardent, l’inoffensif zébi lui-même fut boycotté. Les premières charrettes qui s’aventurèrent dans les rues, le 27, pour débiter leur marchandise, furent assaillies par des ménagères exaspérées, qui houspillèrent les pauvres crainquebilles et vidèrent à l’égoût les seaux de « confiture T. S. F. ». Mais restait la source originelle du produit : la station émettrice de la Tour Eiffel. Les quartiers de Grenelle, de l’École Militaire et des Invalides, qui se croyaient directement menacés par ce voisinage, fournirent une colonne de volontaires, qui brandissaient des haches, en hurlant qu’il fallait couper les antennes et