Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/32

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que cette poussière devait être un échantillon de la matière cosmique qui erre à l’état libre dans les espaces.

— Échantillon d’un prix inestimable pour la science car lorsque ces grains sont happés au passage par la terre comme un vol de moustiques, leur frottement sur les couches de l’atmosphère les « craque » comme des allumettes et les volatilise en étoiles filantes. Les bolides, qui sont des cailloux plus gros et probablement d’une autre nature, résistent parfois à la flambée et arrivent jusqu’au sol ; mais jamais encore personne au monde n’a vu ni tenu dans ses mains la moindre parcelle de cette poussière météoritique que voici.

Alburtin, comme de juste, voulait en savoir davantage, et pour cela expérimenter. Je le vis, méditatif, l’index sur le coin de la bouche, contempler, front plissé, la petite cuillerée de granulations noires. Il me fit l’effet d’un malade difficile et méfiant qui examine avant de se l’administrer une dose d’un nouveau médicament.

— Vous n’allez pas en manger ? plaisantai-je.

Le visage d’Alburtin se détendit dans un sourire.

— Non, pas en manger, mais… Après tout, pourquoi pas ? Quelques grammes de plus ou moins ; la miss peut bien m’offrir ça… Je vais voir ce que ses poussières météoritiques donneront sous les rayons X.

Et, sans plus attendre, le radiologue procéda au montage de son expérience. Il versa la pincée de poussière noire dans une coupelle de porcelaine, mit celle-ci : sur un support et la disposa sous l’ampoule à rayons X,