Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/545

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les marbres nécessaires, et acheva cette entreprise à la grande satisfaction de ses concitoyens, qui dès lors ne l’appelèrent plus que Jacopo de la Fontaine (Jacopo dalla Fonte). Autour de la glorieuse vierge Marie, protectrice de la ville, il plaça les sept Vertus théologales, dont les têtes gracieuses et expressives montrent qu’il commençait à entrer dans la bonne voie et à aborder les difficultés de l’art avec un rare bonheur. Il y figura en outre plusieurs sujets de l’Ancien-Testament, c’est-à-dire la Création et le Péché de nos premiers parents. Ève est si belle, si séduisante, que l’on devine qu’Adam ne pourra refuser la pomme fatale. Pendant douze années, Jacopo consacra tous ses soins à ce monument, qu’il orna d’enfants et des armes de Sienne, qui se composent de lions et de louves. Pour le baptistère de San-Giovanni, il fit des statues en bronze, hautes d’une brasse, qui lui servirent à séparer trois beaux bas-reliefs, également en bronze, où il avait représenté divers traits de la vie de saint Jean-Baptiste. Grâce à ses travaux et à ses qualités personnelles, Jacopo fut nommé chevalier par la seigneurie de Sienne, et bientôt après marguillier de la cathédrale. Il exerça cette charge durant trois années, et jamais la fabrique ne fut mieux gouvernée.

Je conserve dans mon recueil plusieurs dessins de Jacopo, qui semblent dus à un miniaturiste plutôt qu’à un sculpteur. Son portrait et beaucoup de détails sur sa vie m’ont été fournis par Maestro Domenico Beccafumi, peintre siennois.