Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/855

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pietro naquit au Borgo-San-Sepolcro et fut appelé della Francesca, du nom de sa mère qui resta grosse de lui après la mort de son père, et l’aida par ses soins à parvenir au rang que sa bonne fortune lui réservait. Dans sa jeunesse, Pietro s’appliqua aux mathématiques qu’il n’abandonna jamais, bien que dès l’âge de quinze ans il se fût consacré à la peinture. Il fit même dans cette science des progrès aussi remarquables qu’en peinture. Ses talents ne tardèrent pas à être utilisés par le duc Guidobaldo Feltro. Il exécuta pour ce prince divers petits tableaux d’une remarquable beauté, dont la plupart ont péri au milieu des guerres qui ont désolé l’état d’Urbin. On conserve cependant encore dans ce pays plusieurs de ses écrits sur la géométrie et la perspective, sciences dans lesquelles il ne fut inférieur à aucun de ses contemporains, et peut-être à personne de quelque siècle que ce soit, comme le prouvent ses ouvrages qui renferment une foule d’admirables perspectives (1). Nous citerons entre autres un vase qu’il avait formé en surfaces carrées, de manière que l’on voit de derrière, de devant et de chaque côté, le fond et les bords : ce qui est assurément merveilleux, d’autant plus que les moindres détails sont exactement représentés, et que les lignes des contours se raccourcissent avec beaucoup de grâce.

Après avoir acquis du crédit et de la réputation à la cour de Guidobaldo, Pietro voulut se faire connaître davantage, et se rendit à Pesaro et à Ancône d’où il fut ensuite appelé à Ferrare par le duc Borso qui le chargea de décorer, dans son palais, plusieurs