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ANTONELLO DE MESSINE.

totam ex oleo ac luto constantem scientiam par : toute la science qui consiste dans la peinture à l’huile et les couleurs extraites de la terre. On se moquerait de nous à plein droit si nous nous mettions à réfuter gravement cet affreux contre-sens qui, s’il n’avait l’air d’une mauvaise plaisanterie plus que de toute autre chose, inspirerait une fort mince idée du profit que M. Reimman a su tirer des leçons de ses professeurs de langue latine.

Le Ranza, de son côté, n’est guère pourvu d’armes plus solides pour défendre son système. Il voit l’œuvre d’un artiste du temps de Constantin dans une espèce de tapisserie où les têtes et les mains de la Vierge et de l’enfant Jésus sont peintes à l’huile. Ce tableau, que l’on conserve à Vercelli, si l’on ajoutait foi à la tradition populaire, serait l’ouvrage de l’impératrice Hélène, qui l’aurait fait colorier après avoir rassemblé et cousu elle-même les divers morceaux de soie dont il est composé. Le Ranza ne se serait pas ainsi avancé, s’il n’eût point ignoré que, jusqu’à la moitié du cinquième siècle, on ne représenta jamais la Vierge avec l’enfant Jésus sur le bras, mais seulement dans l’attitude de la prière, les mains étendues vers le ciel, comme nous l’avons déjà dit dans le commentaire de Pietro della Francesca. Il aurait dû également savoir que le manteau à capuchon de la Madone indique une époque bien postérieure à celle de Constantin. On le voit, l’édifice, élevé du reste à si peu de frais par Frédéric Reimman et le Ranza, croule de lui-même.

Sans tarder davantage, nous allons donc essayer