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ANTONELLO DE MESSINE.

écrivain, ne propose d’employer l’huile dans les couleurs que pour barbouiller les murs et les meubles, mais qu’il en rejette positivement l’emploi comme impraticable pour les tableaux. Nous ne répondrons à M. de Bubberg et à M. de Burtin, cet illustre et brillant écrivain, qu’en citant derechef ce passage du manuscrit de Théophile, que très-certainement ni l’un ni l’autre n’ont lu : « sine aqua, et fac mixturas vultuum ac vestimentorum sicut superius aqua feceras, et bestias, sive aves aut folia variabis suis coloribus prout libuerit. »

Il nous reste encore à résoudre de graves difficultés, mais d’un ordre différent. « Si Théophile enseigna la peinture à l’huile, dit-on, ses préceptes demeurèrent ensevelis dans l’oubli le plus profond ; car, avant Jean de Bruges, pas un peintre n’a songé à en tirer parti. » Sur quelle autorité appuie-t-on cette assertion ? Uniquement sur celle de Vasari. Mais on ne fait ainsi que continuer l’erreur dans laquelle il est tombé dès le principe. On suit, sans s’en apercevoir, les données dont on a admis la fausseté. C’est un manque de logique bien évident. Néanmoins, opposons à nos adversaires de nombreux et respectables témoignages, qui prouveront que la peinture à l’huile, après Théophile, et longtemps avant Jean de Bruges, était usitée en Italie, en Flandre et jusqu’en Angleterre. Henri III, par un édit daté de la vingt-troisième année de son règne, qui correspond à l’an 1239 de notre ère,