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ANTONELLO DE MESSINE.

se reposer ses tableaux quelques jours à l’ombre, parce qu’il aura eu une plus forte close de patience que Théophile, on lui fait honneur d’une invention qu’il n’a pas même perfectionnée. Vasari et Lanzi ont beau répéter que Van-Eyck introduisit dans son huile divers ingrédients : cela ne signifie absolument rien. L’huile de lin la plus pure possède toutes les qualités nécessaires pour que les couleurs mélangées avec elle se sèchent d’elles-mêmes ; de toutes les huiles, celle de lin renferme les plus puissants principes siccatifs. Si Théophile eût indiqué l’huile d’olive, qui ne se sèche jamais, nous admettrions le perfectionnement, l’invention de Van-Eyck ; mais Théophile ne permet pas le doute : à maintes reprises il nomme l’huile de lin, et décrit sa préparation et son usage [1]. Le mérite de sa découverte devrait donc être aussi incontesté qu’il est incontestable. Loin de là, après Vasari, Morelli et Lanzi, voici venir un Allemand, M. le baron de Bubberg, qui prétend que Théophile enseigna seulement l’art de peindre à l’huile sur des panneaux, mais sans figures et sans ornements ; voici venir un Belge, M. François de Burtin, qui nous assure sérieusement que Théophile, cet obscur

  1. Tolle oleum lini quod hoc modo fit. Accipe semen fini et exsicca illad in sartagine super ignem sine aqua. Deinde mitte in mortarium et contunde illud pila donec tenuissimus pulvis fiat. Rursum mittens illad in sartaginem et infundens modicum aquæ, sic calefacies fortiter. Poslea involve illud in pannum novum et pone in pressatorium in quo solet oleum olivæ vel nucum vel papaveris exprimi. Cum hoc oleo tere colores super lapidem sine aqua, et cum pincello finies super ostia vel tabulas quas rubricare volueris, et ad solem siccabis.