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Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/448

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Toscane ? Pise, qui a tant produit, ne différait-elle pas plus, de Florence, sa voisine, que Parme de Modène, que Mantoue de Ferrare ? Pourquoi tant d’écoles rivales autour de Milan, et si peu auprès de Venise ?

Croit-on que les artistes de Padoue, de Vicence, de Vérone, de Bergame, de la Bresse, de la Marche-Trévisane, du Frioul et de la Dalmatie, suivaient des principes identiquement pareils, et n’affectaient entre eux rien qui les distinguât, même quand ils se réunissaient au sein de Venise leur métropole ? Croit-on que les Siciliens entendaient l’art exactement comme l’entendaient les Napolitains ? Croit-on que les gens de Messine et de Syracuse peignaient à l’instar des gens des Abruzzes et de la Calabre ? Mais Lanzi, qui assurément connut toutes ces différences comme nous, a été sage en ne s’y arrêtant pas. Il est de ces analyses dans lesquelles il convient de savoir se borner, parce qu’à force de creuser le détail on finit par ruiner l’ensemble. Et en dernier résultat, c’est l’ensemble surtout qu’il est précieux de connaître. Ainsi ce n’est pas tant à notre avis parce qu’il n’est guère possible de ne pas se laisser entraîner, tantôt à éliminer quelques écoles réellement remarquables, et tantôt à en admettre quelques-unes d’assez indifférentes, que nous regardons le mode de division adopté par Lanzi, comme rendant un compte incomplet de la marche générale de l’art. Il y a autre chose, suivant nous, qui complique singulièrement la question, et qui y jette, quoi qu’on fasse, un grand trouble ; c’est l’incessante influence qu’ont exercée les unes sur les autres les diverses écoles en Italie. Ce sont les perpétuels reviremens de principes, de goût, de formes, et de manières, occasionnés chez toutes par les excursions de tant de maîtres, et par les pèlerinages de tant de disciples, si bien faits pour donner ou recevoir l’influence et les enseignements. Ainsi, par exemple, que devient réellement l’existence de l’école milanaise, quand Milan compte pendant plus de vingt ans, parmi ses artistes les plus occupés, le puissant et dogmatique Léonard de Vinci, l’un des plus grands hommes de Florence ? Que devient plus tard l’école napolitaine, quand l’Espagnol Bibera, ce double élève de l’école