Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/49

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divin qui l’anime. Toutes les figures du Baptême sont empreintes d’un cachet précieux de beauté et de bonté. Dans le Repas d’Hérode, on remarque la tristesse et la stupeur dont sont frappés les convives en apercevant la tête de saint Jean-Baptiste qu’apporte, dans un bassin, la fille d’Hérodiade. Autour de la table du festin se tiennent une multitude de personnages parmi lesquels Filippo se peignit lui-même, vêtu de noir, sous les habits d’un prélat, non loin du portrait de son élève, Fra Diamante. Les qualités que nous venons d’énumérer font de ce morceau le chef-d’œuvre de notre artiste, et, nous le répétons pour qu’on ne l’oublie pas, ses figures plus grandes que nature ont poussé ses successeurs à entrer dans une voie plus large. Grâce à son talent, Filippo se vit pardonner les actions blâmables que l’on aurait pu lui reprocher. Il nous a conservé dans ses peintures le portrait de Messer Carlo, fils naturel de Cosme de Médicis, et alors prévôt de l’église paroissiale qui est redevable à ce citoyen, ainsi qu’à sa famille, de notables améliorations.

Après avoir achevé ce travail, Filippo entreprit, l’an 1463 (5), une belle Annonciation en détrempe, dans laquelle il plaça le portrait de Messer Jacopo Bellucci, qui lui avait commandé ce tableau. On trouve encore de sa main une Nativité de la Vierge, chez Polidoro Bracciolini, et une Madone portant l’enfant Jésus, dans la salle du tribunal des Huit à Florence ; une autre Madone et un petit saint Augustin, chez Bernardo Vecchietti, gentilhomme florentin d’un haut mérite (6) ; mais on admire sur-