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tout, dans la galerie du duc Cosme, un saint Jérôme, pénitent, de la même dimension que le saint Augustin. S’il est vrai que Filippo déploya une rare habileté dans toutes les productions de son pinceau, il n’est pas moins juste de dire qu’il se surpassa lui-même dans ses peintures en petite proportion. Il sut leur donner tant de grâce et de beauté, que l’on ne peut désirer rien de mieux, comme le prouvent les gradins de tous ses tableaux. En un mot, personne de son temps ne l’emporta sur lui, et peu de maîtres de nos jours pourraient lui disputer la palme. Michel-Ange, non content de le louer sans cesse, l’imita souvent en beaucoup de choses.

Filippo fit ensuite un tableau qui alla orner le maître-autel de San-Domenico de Pérouse, et qui renferme la Vierge, saint Pierre, saint Paul, saint Louis et saint Antoine, abbé. Son ami, Alessandro degli Alessandri, le chargea de peindre, pour l’église de Vincigliata, un saint Laurent accompagné de divers saints, parmi lesquels on remarque le portrait du donateur et ceux de ses deux fils.

Fra Filippo aimait à s’entourer de personnes d’un caractère joyeux. Il portait une vive affection à Fra Diamante, auquel il enseigna son art. Fra Diamante imita avec succès la manière de son maître, et exécuta de nombreux ouvrages pour le Carmine de Prato. Sandro Botticello, Pesello, Jacopo del Sellaio, Florentin, qui laissa deux tableaux à San-Friano et une peinture en détrempe dans le Carmine, et une foule d’autres maîtres, profitèrent également des leçons de notre artiste.