Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/188

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pour ne pas lutter avec un homme qui fait souffler les vents, j’ai battu en retraite, parce qu’étant un personnage léger, j’ai craint de me trouver emporté dans quelque bourbier. Il vous suffit de savoir qu’il ne faut plus penser à l’église de San-Giovanni-de’-Fiorentini. Revenez promptement et portez-vous bien, je n’ai rien autre chose à vous dire. Le treizième jour d’octobre 1550. »

Michel-Ange appelait Monsignor de Forli, le Tante Cose, parce que cet évêque voulait se mêler de tout (112). Maître de la chambre du pape, il avait l’administration des médailles, des pierres gravées, des camées, des bronzes, des peintures, des dessins, et il exigeait que tout dépendît de lui. Michel-Ange fuyait cet homme comme la peste, toujours il l’avait trouvé sur son chemin, et il craignait, comme il l’écrivit, d’être entraîné par lui dans quelque bourbier. Les Florentins perdirent là une belle occasion de voir terminer leur église, et Dieu sait quand ils la retrouveront ; pour ma part, j’en ressentis un vif chagrin. J’ai rapporté ces choses, pour montrer que Michel-Ange se dévoua toujours à son art, à son pays et à ses amis.

Vers la fin de l’année 1550, lorsque je revins à Rome, la cabale San-Gallesque renouvela ses complots contre Michel-Ange ; elle engagea Jules III à convoquer une assemblée dans Saint-Pierre, où se trouveraient les fabriciens et les administrateurs de cette église, qui devaient prouver clairement à Sa Sainteté que Buonarroti avait gâté cet édifice. Ces