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Page:Vasari - Vies des peintres - t5 t6, 1841.djvu/262

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sans peine qu’à toutes les époques Raphaël et Michel-Ange ont été regardés comme nous les regardons. Aussi, ferons-nous moins consister nos efforts à constater leur gloire, et à combattre les opinions des écrivains et des critiques qui ont cherché à la diminuer, qu’à mieux choisir et à rectifier les aperçus sur lesquels l’admiration générale s’est fondée à leur égard ; car il nous semble qu’il ne suffit pas que les grands hommes soient universellement connus, pour qu’on accorde qu’ils soient universellement compris. La célébrité n’est que le commencement de la justice promise par le temps aux hommes immortels. L’intelligence de leur mérite et de leurs services, la connaissance de leur caractère et de leurs œuvres en doivent être l’indispensable complément. Or, cette parfaite compréhension des mérites et des résultats, et cette juste estime pour le talent et le travail, sont sans contredit la part la plus belle que la postérité leur doit, mais en meme temps celle qui reste le plus en souffrance, et qui leur est le moins fidèlement payée. L’équité des siècles donne des arrhes aux hommes qui honorent le plus l’humanité ; mais, dans le livre de l’histoire, leur compte reste longtemps ouvert, sans être apuré ni soldé ! C’est qu’il faut un écrasant calcul et une immense enquête pour en finir avec eux. Plus un génie a été puissant, plus il faut de temps pour découvrir ses origines dans le passé et ses influences dans l’avenir. Cette recherche difficile est à peine commencée pour les illustres représentants de l’art dans les temps modernes. Et il y a fort à croire que personne ne